Les enfants et les funérailles

Père qui console son jeun fils pendant des funérailles


En parcourant la vaste documentation qui porte sur les enfants et le deuil, un aspect ressort toujours : il est impératif que les enfants disposent d’un endroit, d’un espace pour vivre leur deuil à leur manière. En tant que travailleuse sociale clinique spécialisée en peine et en deuil et directrice clinique du Camp Erin® Montréal (un camp gratuit d’un week-end pour les enfants endeuillés de 6 à 17 ans), j’interagis avec des familles en deuil qui peinent à trouver la meilleure façon de rendre hommage à l’être aimé. La question devient un casse-tête lorsque les enfants sont élevés dans une culture ou une religion qui dictent un « modèle » pour vivre le deuil. Par exemple, selon certains, les enfants ne devraient pas participer aux funérailles ou aller au cimetière.

Bien que les rites et les rituels sont souvent d’une grande aide pour les proches du défunt, ces pratiques incluent rarement les enfants, qui deviennent donc des « endeuillés oubliés ». Souvent, dans l’espoir de protéger les enfants de la tristesse et de l’adversité, on les écarte ou on ne tient pas compte de leurs besoins. Même si l’intention est d’immuniser l’enfant en deuil contre la douleur, cette tendance est très malsaine, puisqu’elle encourage à cacher ses sentiments plutôt qu’à les exprimer. En fin de compte, elle ne sert qu’à enlever à l’enfant le droit de vivre son deuil.

4 attitudes à adopter pour aider un enfant endeuillé

1 Être honnête

Dans l’espoir d’éviter que l’enfant endeuillé soit malheureux ou triste, les parents omettent souvent de lui raconter toute l’histoire ou même la vérité sur la mort. Je recommande vivement de préférer les bons mots pour décrire les circonstances de la mort, plutôt que d’employer des euphémismes. Souvenez-vous toutefois qu’il est inutile de donner TROP de détails, le but étant d’offrir des informations fidèles à la réalité, et non de perturber ou d’effrayer l’enfant.

2 Faire preuve d’empathie

Les parents sont des modèles; il n’y a pas de bons ou de mauvais sentiments, il y a des sentiments tout court. Pour discuter de la manière dont l’enfant endeuillé peut gérer ses émotions, parlez-lui de vos propres sentiments.

3 Écouter

Parlez moins, écoutez plus. Plutôt que de fournir une foule d’informations en même temps, laissez l’enfant endeuillé mener la conversation par ses questions. Si vous n’avez pas la réponse à une question, soyez honnête et dites « C’est une bonne question. Je ne sais pas. Il faudrait que je demande à un professionnel. », puis ASSUREZ-VOUS de faire un suivi.

4 Tenir compte de sa perception

Pensez à la manière dont l’enfant voudrait rendre hommage au défunt. Les rituels sont aussi importants pour les enfants endeuillés que pour toute autre personne. Demandez-lui comment il aimerait rendre hommage à la personne qui est morte; les enfants ont souvent des solutions très créatives qui sont significatives pour eux (par rapport à ce que les autres pensent qu’ils ont besoin).

En somme, le deuil n’est pas un processus facile. Les parents ne devraient pas avoir peur de « demander de l’aide » à un professionnel de la santé mentale s’ils se sentent mal pris. Chacun a le droit de vivre son deuil à sa manière, selon ses besoins. Veillons à ce que cela soit possible.

Par Corrie Sirota
Spécialiste de la peine, de la perte et du deuil – Counseling et psychothérapie