Convient-il d’exposer un défunt?

Un geste de réconfort pour la perte d'un être cher

La plupart des gens ont déjà entendu le proverbe « voir c’est croire ». Or, beaucoup ont aussi vécu une expérience qui leur a donné une compréhension sensible et profonde de cette pensée.

N’avez-vous jamais eu besoin de voir?

Imaginez une mère qui reçoit un appel de l’école et apprend que son enfant s’est blessé pendant la récréation. On lui dit qu’il se porte bien, mais cela ne l’empêche pas de s’inquiéter toute la journée. Elle compte les minutes jusqu’à ce qu’elle le voie, car « voir c’est croire ».

Imaginez aussi ce que l’ensemble de la société américaine a vécu quand les avions ont frappé les tours jumelles le 11 septembre 2001. Quelques minutes après avoir appris la nouvelle, les gens ouvraient leur téléviseur et revoyaient les images maintes et maintes fois. On estime que plus de 90 % des Américains les ont vues dès le premier jour. De nombreuses personnes ont laissé leur téléviseur allumé toute la journée. Elles ont regardé sans cesse les images afin de saisir l’ampleur du moment, de surmonter le traumatisme… parce que « voir c’est croire ».

Pourquoi avons-nous besoin de voir?

Le désir ardent de voir de ses yeux est une réaction naturelle devant un épisode traumatisant. En effet, en voyant l’événement ou ses conséquences, on l’ancre dans la réalité. La pensée en saisit la réalité dès qu’elle en entend parler, mais pour que le cœur la saisisse, il faut voir.

Les psychologues affirment que tous les événements traumatisants introduisent un certain chaos dans nos vies. C’est la subsistance de ce chaos que la plupart des gens nomment un deuil. Ils disent aussi que notre désir de voir est lié à notre besoin de remettre de l’ordre dans ce chaos et, par le fait même, de minimiser le deuil à long terme.

Voir et le deuil

En 1969, Elisabeth Kübler-Ross a décrit les cinq étapes du deuil dans son ouvrage On Death and Dying. Ces cinq étapes sont : le déni, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation. On les enseigne maintenant dans tous les programmes de psychologie.

Nous pouvons tenter de nier ces étapes, mais nous ne pouvons pas les éviter. Elles font partie de la nature humaine. Nous les expérimentons parce que nous voulons mettre de l’ordre dans le chaos et accepter l’événement. Or, pour accepter un événement traumatisant, il est important d’en voir le résultat. Sans cela, il est très difficile d’atteindre l’étape de l’acceptation, puis de tourner la page.

Songez à la différence entre la mort tragique d’un être cher et sa disparition. La mort et la possibilité de dire « au revoir » permettent de surmonter le deuil, d’accepter et, à un certain degré, de s’en remettre. La disparition, au contraire, ne permet pas de tourner la page. On porte le deuil, mais on n’atteint jamais l’étape de l’acceptation. On s’enlise plutôt dans la dépression. Parfois, on y reste toute sa vie.

Voir et aider à surmonter le deuil

De nos jours, on se demande souvent s’il convient d’exposer un défunt après sa mort. Certains pensent que l’exposition augmente la peine de la famille, alors qu’en réalité celle-ci joue un rôle important pour aider à franchir sainement les cinq étapes du deuil.

Si un être cher s’éteint, nous ne pouvons jamais éviter le deuil, nous pouvons seulement le surmonter. Or, la vue du corps du défunt nous confirme sa mort. Cela permet aux gens coincés à la première étape (le déni) de la franchir et, par la suite, de s’en remettre.

Assister à la disposition finale de l’être cher importe également, car elle permet de tourner la page. Qu’il s’agisse de la descente d’un cercueil en terre, de la mise en crypte ou de la dispersion des cendres, il est important que chaque personne qui aimait le défunt assiste à la dernière cérémonie. C’est seulement en vivant cette cérémonie d’adieu que nous pouvons tourner la page et nous en remettre.

Aider mes proches à surmonter le deuil

Certaines personnes qui font des arrangements préalables croient faussement qu’elles soulagent leur famille en exigeant qu’on n’expose pas leur corps. Elles ne font malheureusement qu’augmenter leur peine. La présence de leur corps représente en réalité le dernier cadeau significatif qu’elles peuvent offrir à ceux qu’elles aiment. Leur âme n’est peut-être plus, mais leur corps aide les autres à accepter leur perte et à entreprendre la démarche qui leur permettra de surmonter le deuil.

N’oubliez jamais que si un être cher s’éteint, vous ne pourrez pas éviter le deuil. Vous devrez plutôt vous tourner vers les personnes qui peuvent vous aider à franchir cette période difficile, pour que vous puissiez honorer sa vie, accepter sa perte et surmonter le deuil.

Voir c’est croire. Et croire, c’est surmonter le deuil…


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